Le bal est ouvert
Je viens de passer 30 ans. Au jour J j'avais réuni mes intimes, les fidèles seulement étaient là, autour de moi.
Je n'aime pas vieillir mais le plus pénible à surmonter reste l'anniversaire lui-même. J'ai particulièrement besoin d'être entouré à cette date, car alors me reviennent en mémoire toutes les colères paternelles, les injures faites à mon enfance, les querelles familiales... Avec le cadavre jaune du grand-père qu'on enterra pour mes 18 ans.
Donc, j'ai bu pas mal de bulles ce jeudi 13 juillet 2006, et trinqué en bonne compagnie, et dansé dans leurs bras. J'avais des choses sur le coeur.
30 ans que je traîne mon barda par ici. Déjà les jambes lourdes (encore que je sois mieux dans ma carcasse maintenant qu'autrefois). Le souffle court aussi (soit deux reprises pour éteindre les bougies du gâteau). Pas d'amour, peu d'amants (aucun depuis un mois).
J'entends dire par certains amis trentenaires que c'est l'âge du renouveau, l'occasion d'une nouvelle fondation. Super, le bal est ouvert !
Il me faudra cependant user d'artifices (camoufler les cernes des lendemains et surlendemains de fêtes, avec badigeons de crème spéciale contour des yeux).
J'ai 30 ans, et des impedimenta. Je ne regrette pas le chemin parcouru, je demande juste que la sente s'élargisse, l'espace d'un côte-à-côte main dans la main, peau contre peau.
Je veux la rumba, le tango et le slow.
"Cette nuit là, j'ai placardé sur la porte cochère une invitation à ceux qui passent, j'ai acheté de l'alcool, j'ai tout illuminé, j'ai mis la musique à tue-tête qui résonne dans la rue, j'ai ouvert toutes les portes, les fenêtres, allumé sous le porche comme pour un bal." (Emmanuel Adely, Les cintres.)