Vague à l'âme
Benjamin n'a pas donné suite, mais j'ai croisé dans le métro Karim, son double hétéro, avec des cheveux sur la tête.
Un coup du sort, un coup d'un soir, épée dans l'eau.
Entre débauche amoureuse et licence platonique, j'ai perdu l'équilibre. Plouf !
Les yeux bleus, les yeux verts, qui bordent mon calvaire, ont tous un coeur de pierre.
Il faudrait pouvoir baiser avec ses amis, ce serait une solution à ma déconvenue, puisque j'ai des tas d'amis. Nous ferions des bébés. Chacun d'eux aurait en bandoulière, le prénom que portait un de nos anciens chagrins.
Or la pudeur nous retient d'aimer comme il se doit ceux que nous aimons d'amitié...
Je peux faire des miracles avec mes organes génitaux, ma cervelle d'idiot, mon souffle vital. Tout le monde s'en fout, moi seul je crois au prodige.
Il viendra mon Lazare, mon Saint Jean préféré, mon futur bien-aimé. Et l'avenir sera beau.
Tiens-toi prêt quand même à boire la tasse, baby.
(J'ai mal au crâne, je me sens moche. Vague à l'âme.)
"ô viens mon beau soleil, ô viens ma nuit d'Espagne, / Arrive dans mes yeux qui seront morts demain. / Arrive, ouvre ma porte, appporte-moi ta main, / Mène-moi loin d'ici battre notre campagne." (Jean Genet, Le condamné à mort.)