Suite et fin
Et puis je n'ai plus répondu aux coups de fil de Maxime. Il parlait de venir cette semaine... Pour me baiser comme un trou, s'abîmer dans mes flancs, mais moi, fiévreux, alité, malade d'une angine bronchitique, je voulais oublier mes muqueuses irritées par la toux, la morve et les glaires. Alors son sperme, il irait le répandre ailleurs, le petit Maxime.
Sous mes couvertures, entre deux hoquets, je réfléchissais que les coïts furtifs ne me guériraient pas de la crève. J'ai besoin d'amour pour être bien portant, c'est dire si je suis mal en point ! Avec mes amants bidons, placébos qui ne trompent qu'un temps.
La psychanalyse écoeurante apprends aux névrosés de mon acabit à "faire son deuil". Je refuse en bloc. Le noir des croque-morts et des gens chics ne me sied pas, tandis que le rose des entrailles et de la pédérastie, oui.
Dans ma tanière, je rêvais que j'étais un ours, animal en voie de disparition, espèce protégée, je délirais à cause de la fièvre. Encore quatre mois avant le printemps : s'il te plaît, réveilles-moi avec du miel.
"Il viendra quelqu'un de fort qui te prendra sous sa garde et te conduira dans tous les chemins de ta vie, si tu ne lui résistes pas." (Julien Green, Le voyageur sur la terre.)