Quand vient l'été
Je ressens une certaine tristesse, confuse comme de la nostalgie, le regret d'un monde inderterminé. Sans doute est-ce les nerfs... J'ai soif de bien-être, de douceur de vivre, et il fait très chaud, mes pores transpirent trop.
L'implacable saison du mois de juillet !
Un compagnon qui m'épaule serait bienvenu, bienfaisant, une eau claire qui désaltère.
Le champ de vision, le mien, effleure à peine les silhouettes qu'il croise. Des poussées d'hormones quelques fois, des envies de sexe, naissent de ces frôlements troubles, puis je ne sais plus si cela vaut la peine. Le soleil me plombe. Je vois flou.
Dans mon musée imaginaire, les corps allongés d'un tableau du Greco copulent avec les obèses de Botero, les nains de Vélasquez... Et leur essaim donne à mater une cacophonie.
Ma prunelle myope de naissance regarde en gros, ne distingue pas les contours, se cogne au moindre bout de chair masculine. Mais quand vient l'été, reluquer les mollets sous les shorts, les pieds dans les tongs, les bras dénudés, m'aveugle tout à fait.
Le voyeur est un voyant ébloui. L'érotomanie, une espèce d'insolation.
Je suis un mystique livré à la pesanteur. Patatras.
"La grande douleur de la vie humaine c'est que regarder et manger soient deux opérations diffèrentes." (Simone Weil, Attente de Dieu.)