Un préservatif pour le coeur

Jérôme donc : épisode fin. J'espérais mais il ne veut pas, ou il ne peut pas, je ne sais, me donner davantage. Je dois me contenter de la ration que j'ai eue, une moitié de nuit et quelques échanges sur msn. Je voulais plus, beaucoup plus. Il est, je cite, "flatté" de mon intérêt, ajoute les adjectifs "cool", "rare", "courageux", et conclut avec un "tu es vraiment très gentil".

Je protège mon corps des maladies sexuellement transmissibles avec des capotes, mais pour éviter le chagrin au coeur il n'existe pas de préservatif. On me conseille parfois de me blinder, de moins m'investir, de préserver ma sensibilité. Ce genre de discours me laisse dubitatif, car je ne pense pas que la vie soit quelque chose dont il faille se garder. J'ai cette image pathétique en tête : un canapé recouvert avec une housse en plastique, protégé certes, et asphyxié.
Je prends ce qui vient comme ça vient, et qui gifle souvent en pleine face. L'usure aura probablement raison de moi, je mourrai sans doute abîmé faute de ménagement. Et pauvre parce que je ne regarde pas la dépense.

Je ne me damnerai pas à cause de Jérôme, j'étais prêt pourtant à flamber d'amour pour lui, avec le risque mortel que cela implique. Fin du psychodrame amoureux. (Soupir du narrateur en voix off.)

"Frères humains qui après nous venez, / N'ayez les coeurs contre nous endurcis, / Car, si pitié de nous pauvres avez, / Dieu en aura plutôt de vous merci." (François Villon, Ballade des pendus.)

Comments

[etmoiplus]

Je ne suis pas prof de lettres, j'aime lire !

[mmmm]

t es prof de lettres toi aussi ;) ?

[cbj]

il ne faudrait jamais à avoir à "préserver sa sensibilité", mais là vivre, même bien, même mal.

[Eden]

il parait qu'on se ressemble bcp. mais toi tu le retranscris parfaitement.
keep on

[mike]

je te comprends tellement, mais le danger c'est la vie. Ne pas trop se blinder, on ne part tout de même pas en guerre, on est là pour faire l'amour, merde!