Activités manuelles
Je passe le week-end à poser du parquet dans le salon de Pollyanna. L’abrutissement physique qui en résulte satisfait mon besoin d’insouciance, se concentrer sur mes gestes plutôt que de penser à mes affects.
Dimanche soir, fourbu de fatigue, je dîne d'un plateau repas devant la télé, exprès je regarde un navet. Avant d’aller dormir, 23h30, je décide de me faire du mal en flânant sur Internet... Tapotis des doigts contre le clavier, la main dans le slip.
En bas à gauche de l’écran une fenêtre clignote. Tout de suite il me propose de passer chez lui pour baiser. J’accours. J’étais épuisé, il était tard, mais je suis un bon chien qui répond quand on le siffle, et jappe. Après un lavement laborieux, une douche rapide, un brossage des dents idem, l'hébétude m'écrase sur un strapontin du métropolitain. J’avance à tâtons, je ne pense à rien, je voulais dormir.
Minuit passé, j’arrive, la porte s'ouvre : Jérôme dit bonsoir.
"Tout ce que je suis, c’est une chair, avec un souffle et un principe directeur. (...) Comme un homme déjà en passe de mourir, méprise la chair : sang et poussière, petits os, tissu léger de nerfs et entrelacement de veines et d'artères. Examine aussi ce qu'est le souffle : du vent (...). Il te reste, en troisième lieu, le principe directeur. Pense à ceci : tu es vieux ; ne permets plus qu'il soit esclave." (Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même.)