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C'est moi qui... Ce sont les autres qui ne pas...
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13 février 2006

Activités manuelles

Je passe le week-end à poser du parquet dans le salon de Pollyanna. L’abrutissement physique qui en résulte satisfait mon besoin d’insouciance, se concentrer sur mes gestes plutôt que de penser à mes affects.

Dimanche soir, fourbu de fatigue, je dîne d'un plateau repas devant la télé, exprès je regarde un navet. Avant d’aller dormir, 23h30, je décide de me faire du mal en flânant sur Internet... Tapotis des doigts contre le clavier, la main dans le slip.
En bas à gauche de l’écran une fenêtre clignote. Tout de suite il me propose de passer chez lui pour baiser. J’accours. J’étais épuisé, il était tard, mais je suis un bon chien qui répond quand on le siffle, et jappe. Après un lavement laborieux, une douche rapide, un brossage des dents idem, l'hébétude m'écrase sur un strapontin du métropolitain. J’avance à tâtons, je ne pense à rien, je voulais dormir.

Minuit passé, j’arrive, la porte s'ouvre : Jérôme dit bonsoir.

"Tout ce que je suis, c’est une chair, avec un souffle et un principe directeur. (...) Comme un homme déjà en passe de mourir, méprise la chair : sang et poussière, petits os, tissu léger de nerfs et entrelacement de veines et d'artères. Examine aussi ce qu'est le souffle : du vent (...). Il te reste, en troisième lieu, le principe directeur. Pense à ceci : tu es vieux ; ne permets plus qu'il soit esclave." (Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même.)

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Commentaires
E
Cher Jonas, tu touches juste : j'ai écrit le message précédent en écoutant Barbara... "je veux encore rouler des hanches, je veux me saoûler de printemps, je veux m'en payer des nuits blanches, à coeur qui bat, à coeur battant, avant que sonne l'heure blême et jusqu'à mon souffle dernier, je veux encore dire je t'aime et vouloir mourir d'aimer"... Oui, oui, oui, sauf que : "ils t'ont récité leur poème, tes beaux messieurs, tes beaux enfants, tes faux Rimbaud, tes faux Verlaine, eh bien c'est fini maintenant"... Et c'est ainsi que la chanson finit par le mot "solitude" trois fois répété, comme en échos.
J
Mais appliqué à un autre univers le "bonsoir" d'une porte qui s'entrouvre et vous déshabille dans le même courant d'air peut apporter une forme vraie, même si vaguement grise, de réconfort...<br /> (soupir à la Barbara)
M
Ton message "un préservatif pour le coeur" ne m'a pas laissé indifférent. J'ai laissé sur le vif un long commentaire que tu n'as visiblement pas reçu (l'embêtant avec le support électronique c'est qu'on ne peut pas accuser la Poste). Tant pis. Je ne le retrouverai pas tel quel, il était trop spontané. <br /> Mais maintenant que tu nous donnes la suite (aussi croustillante à lire qu'un feuilleton réaliste à la Maupassant !) une foule d'impressions me reviennent.<br /> <br /> Comme Yves j'ai été touché. On ne peut que compatir. Quoi de plus terrible que d'aimer et de ne recevoir que des miettes pleines de bons sentiments ? Pourtant je partage aussi l'avis de Mike: évidemment, il est hors de question d'emplastiquer un coeur. D'ailleurs, toi-même je suis sûr n'y crois pas. Ce à quoi tu crois, c'est à la force du verbe: préservatif pour le coeur, la formule est bien trouvée. Elle percute. <br /> <br /> Depuis mon commentaire disparu, j’ai eu le temps d’y repenser. Et c’est à Jérôme que je pense ? Je ne peux m’identifier qu’en lui. Je n'ai jamais ressenti ce que tu décris (que mon coeur s'en préserve...) Comme je l’ai déjà dit, je vis depuis dix ans un amour sans faille ou presque, avec une femme. D’amour, je n’en manque pas, je n’en ai jamais manqué. J’aime aussi les garçons. Il ne m’est encore jamais arrivé d’avoir à dire « tu es gentil mais…», mais d’avance je me sens coupable de ma chance. L’idée d’avoir à repousser quelqu’un me rend très triste, me tourmente, parfois m’angoisse. J’ai aussi déjà décrit cette tristesse ici. Elle est aujourd’hui plus présente que jamais. <br /> Les mots de Jérôme me résonnent dans la tête : aurais-je su faire mieux que lui ? <br /> <br /> La souffrance que tu décris est celle que je redoute de provoquer un jour. Je ne suis pas un ange : j’ai ma part d’égoïsme et de salauderie mal assumées, comme tout le monde j’imagine. Il y a dans les mots de Jérôme (dans ceux que je pourrais dire) tant de sentiments contradictoires, parmi lesquels (et c’est peut-être cela qui te blesse) au moins un peu de sensibilité et de sincérité. On ne t’enlèvera pas ta douleur (encore moins celle que ton talent d’écriture cherche à nous transmettre). Alors prends ce qui est bon à prendre. On t’a dit par exemple que tu es gentil. Une fois enlevé tout ce qui tient de la situation, il ne reste sans doute pas plus qu’une miette. Mais (j’en profite pour reposer ma question, qui nous a déjà valu quelques explications) peut-on, doit-on refuser des miettes quand on a faim ?<br /> Je constate en tout cas que, miette ou autre, tu as choisi pour cette fois de ne pas refuser. <br /> <br /> Je t’embrasse fort,
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