Dérisoire
La paupière gauche saute, nerveuse. Où est le haut, où est le bas ? Je laisse aller.
Le corps souffre à cause de l'âme.
Je suis chiant en ce moment, Pauline le souligne souvent.
Un mélange de vomissure et d'excrément macère sous mon globe crânien.
Ces jours-ci, journées closes, je ne quitte ma couche que pour grignoter dans la cuisine. Je lis et je reste au lit. Détruire. Se détruire, s'entend. Au fur et à mesure.
Le sexe : déjà une sensation lointaine. Semi-échec permanent depuis des lustres.
Je me repose de je ne sais plus quoi au juste... Aucun prétexte ne justifie ma stagnation. Alors ?! Alors.
Je sors : la tristesse suinte partout. Des individus font masse sur le boulevard. L'usure a déchiré la doublure du manteau que je porte. Direction : poubelle.
Le boulanger (cf. infra) continue de me faire des blagues, et moi chaque fois je pique un fard, jeune fille effarouchée, adolescent timide et gauche. Le boulanger me drague, peut-être. J'ai 15 ans.
Se réformer. Faire de l'exercice. Manger des fruits et des légumes. Cesser d'ajourner. Ecrire mes lettres de motivations comme s'il s'agissait de fictions romanesques. Rappeler maman et les autres qui ont laissé un message sur le répondeur. Donner signe de vie, quand même, malgré l'absence criante de celle-ci.
"Il le sait bien que personne ne rêve de lui, personne qui espère son amour. (...) Que les assasins viennent vite, je ne veux plus survivre." (Christophe Honoré, Scarborough.)