Dans l'attente du violent bonheur
A nouveau le chaos récidive. Hier, je revois Thierry.
De l'art de se rendre inaccessible : je me préparais à hiberner au chaud douillet du lit, enivré par l'odeur de lessive qui imprègne les draps... Certes. Mais les avances de Thierry contrecarrent mon ivresse morbide. Il me rappelle à la vie.
Pour fêter nos retrouvailles (3 mois sans se voir), je consacre l'après-midi à l'attendre. Je me lave, achète des préservatifs, fais brûler de l'encens japonais. Enfin, je m'allonge, et tout entier absorbé par la contemplation du moment, je récite machinalement Le Bateau ivre. Ma récitation s'interrompt sur le mot tiède de torpeur auquel je cède...
19h30, Thierry sonne à l'interphone.
Pendant 3/4 d'heure je ressuscite à l'intérieur de lui. Il est d'abord serré. Ses baisers profonds m'invitent à le baiser profondément. Exit l'impuissance et le mal de vivre : je jouis comme un beau diable. J'aime son cul étroit, sa bite longue, nos râles conjugués. M'excite aussi la dissemblance de formats, son mètre quatre-vingt d'étendue contre mon petit gabarit, 1m70.
Le soir, après qu'il soit parti, je pense que je suis heureux, je pense que je suis fatigué, je pense que le sommeil ne tardera pas à venir.
Parce que c'est trop malheureux de vivre comme un retraité, à mon âge, je vais m'amuser maintenant. Mes désirs sont des ordres.
Le bon plaisir : la grande affaire.
"Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. / Toute lune est atroce, et tout soleil amer : / L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes. / Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !" (Arthur Rimbaud, Le Bateau ivre.)