Des kilomètres de bite
Aujourd'hui, j'ai marché quelques kilomètres sous la bannière arc-en-ciel. Et comme chaque fois j'ai eu un pincement au coeur en voyant que les homos étaient aussi nombreux à exhiber leur fierté. Je ne suis pas de ceux qui font la moue lorsqu'on évoque le sujet. J'aime que la Gay Pride fasse du bruit, un bordel monstre dans les rues : ça change de la morosité ambiante, et ça emmerde les vieux cons. Fuir ce qui est terne, triste, et gris.
Tant que deux gamins du même sexe, elles ou ils, ne pourront s'embrasser dans la cours du collège sans risquer de se faire agresser : la lutte continuera... Sales pédés, bienvenus dans 3ème millénaire !
Des kilomètres de bite, c'est le titre d'un chapitre de roman qui dort dans mes tiroirs. Il aborde en vrac le sexe, Jésus Christ, Andy Warhol, et le rock'n'roll. A l'époque où j'ai commencé à écrire ce texte j'étais en colère, j'avais besoin de m'affirmer, ce qui explique le ton un brin provocateur... Florilège :
Vingt millions d'hommes sexuellement actifs dans le monde. Des kilomètres de bites. Je dessine des lunes de crème sur mes fesses. Etre un tunnel.
Ne dis pas que tu es homosexuel. Dis : "j'adore me faire enculer", puisqu'il va sans dire dans la mythologie hétéro-normée que l'enculeur n'est qu'à demi-malade.
Je hais ce magma moral et social qui m'empêcha de me prostituer à l'heure sainte et sacrée de le faire : 15 ans, darling. Je repense au garçon de tristesse que j'étais... Qu'il aille se faire mettre ce petit con, sur la tombe de son père.
Jesus fell in love with John.
Jouissance : terre promise qui tient sa promesse.
Autant de plaisirs qu'il y a de corps. La jouissance se répète et n'est jamais la même. La jouissance se répète et ne se ressemble pas. Répète la jouissance.
To fuck is to say.
Je connais, et la joie d'être sodomisé, et la joie de sodomiser : tout le plaisir est pour moi.
Proposition : bite (d'amarrage) et cul (de bouteille).
Tu entres en moi et me pénétres, je suis un homme. Le rectum est ma fente, je suis un homme. Mon anus s'ouvre infiniment, je suis un homme. Tes doigts caressent ma prostate à l'orée de mon cloaque, je suis un homme. Ma bite monte vers le ciel sous l'effet de la tienne, je suis un homme. Des myriades de spermatozoïdes se répandent dans mon colon, je suis un homme. Les intestins de mon ventre mesurent des kilomètres, je suis un homme. Je n'ai que faire d'avoir un vagin, je suis un homme.
Un slip kangourou pour cacher mon bonheur, où ma bite vient se lover dans le blanc du coton... n centimètres de bonheur.
Je les tétais souvent comme un nouveau-né suce un téton : introjection orale du pénis maternel. Maman, maman !
Au masculin du phallus, symbole de domination, préfère le féminin de la bite, sceptre de jouissance.
Je te souhaite d'aller te faire foutre. Va mon frère, va. Tu es heureux et tu ne le savais pas.
Des longues, des fines, des chenues, des tordues, des épaisses, des monstrueuses, des pathétiques, des versatiles, des courtes, des circoncises, des mat-de-cocagne, des fauves, des rasées, des tendres, des parfumées, des tuméfiées, des bâton-de-guignol, des curieuses, des malades, des piercées, des timides, des rêveuses, des nègres, des goutues, des droit-au-but, des sanguines, des cyniques, des boutonneuses, des tatouées, des folles, des malpropres, des salopes, des fières, des râpeuses, des moyennes, des poilues, des magiques, des bras-d'enfant, des intrèpides, des rallongées, des frileuses, des infidèles, des bien-élevées, des militaires, des anorexiques, des caractérielles, des pie-de-vache, des bienheureuses, des candides, des rudes, des nerveuses, des stoïciennes, des complexées, des lourdes, etc. - Des kilomètres.
(...)
"Prolètaires du monde entier, caressez-vous !" (Slogan du FHAR, Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire, dans les années 70.)