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C'est moi qui... Ce sont les autres qui ne pas...
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25 juin 2005

Des kilomètres de bite

Aujourd'hui, j'ai marché quelques kilomètres sous la bannière arc-en-ciel. Et comme chaque fois j'ai eu un pincement au coeur en voyant que les homos étaient aussi nombreux à exhiber leur fierté. Je ne suis pas de ceux qui font la moue lorsqu'on évoque le sujet. J'aime que la Gay Pride fasse du bruit, un bordel monstre dans les rues : ça change de la morosité ambiante, et ça emmerde les vieux cons. Fuir ce qui est terne, triste, et gris.

Tant que deux gamins du même sexe, elles ou ils, ne pourront s'embrasser dans la cours du collège sans risquer de se faire agresser : la lutte continuera... Sales pédés, bienvenus dans 3ème millénaire !

Des kilomètres de bite, c'est le titre d'un chapitre de roman qui dort dans mes tiroirs. Il aborde en vrac le sexe, Jésus Christ, Andy Warhol, et le rock'n'roll. A l'époque où j'ai commencé à écrire ce texte j'étais en colère, j'avais besoin de m'affirmer, ce qui explique le ton un brin provocateur... Florilège :

Vingt millions d'hommes sexuellement actifs dans le monde. Des kilomètres de bites. Je dessine des lunes de crème sur mes fesses. Etre un tunnel.

Ne dis pas que tu es homosexuel. Dis : "j'adore me faire enculer", puisqu'il va sans dire dans la mythologie hétéro-normée que l'enculeur n'est qu'à demi-malade.

Je hais ce magma moral et social qui m'empêcha de me prostituer à l'heure sainte et sacrée de le faire : 15 ans, darling. Je repense au garçon de tristesse que j'étais... Qu'il aille se faire mettre ce petit con, sur la tombe de son père.

Jesus fell in love with John.

Jouissance : terre promise qui tient sa promesse.
Autant de plaisirs qu'il y a de corps. La jouissance se répète et n'est jamais la même. La jouissance se répète et ne se ressemble pas. Répète la jouissance.
To fuck is to say.

Je connais, et la joie d'être sodomisé, et la joie de sodomiser : tout le plaisir est pour moi.

Proposition : bite (d'amarrage) et cul (de bouteille).

Tu entres en moi et me pénétres, je suis un homme. Le rectum est ma fente, je suis un homme. Mon anus s'ouvre infiniment, je suis un homme. Tes doigts caressent ma prostate à l'orée de mon cloaque, je suis un homme. Ma bite monte vers le ciel sous l'effet de la tienne, je suis un homme. Des myriades de spermatozoïdes se répandent dans mon colon, je suis un homme. Les intestins de mon ventre mesurent des kilomètres, je suis un homme. Je n'ai que faire d'avoir un vagin, je suis un homme.

Un slip kangourou pour cacher mon bonheur, où ma bite vient se lover dans le blanc du coton... n centimètres de bonheur.

Je les tétais souvent comme un nouveau-né suce un téton : introjection orale du pénis maternel. Maman, maman !

Au masculin du phallus, symbole de domination, préfère le féminin de la bite, sceptre de jouissance.

Je te souhaite d'aller te faire foutre. Va mon frère, va. Tu es heureux et tu ne le savais pas.

Des longues, des fines, des chenues, des tordues, des épaisses, des monstrueuses, des pathétiques, des versatiles, des courtes, des circoncises, des mat-de-cocagne, des fauves, des rasées, des tendres, des parfumées, des tuméfiées, des bâton-de-guignol, des curieuses, des malades, des piercées, des timides, des rêveuses, des nègres, des goutues, des droit-au-but, des sanguines, des cyniques, des boutonneuses, des tatouées, des folles, des malpropres, des salopes, des fières, des râpeuses, des moyennes, des poilues, des magiques, des bras-d'enfant, des intrèpides, des rallongées, des frileuses, des infidèles, des bien-élevées, des militaires, des anorexiques, des caractérielles, des pie-de-vache, des bienheureuses, des candides, des rudes, des nerveuses, des stoïciennes, des complexées, des lourdes, etc. - Des kilomètres.

(...)

"Prolètaires du monde entier, caressez-vous !" (Slogan du FHAR, Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire, dans les années 70.)

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Commentaires
E
Ton commentaire me touche beaucoup, cher Mathieu. <br /> Me touche l'usage que tu décris du terme homosexuel. Cependant pour moi, celui-ci reste entaché par son origine médicale. Il fut en effet crée par les psychiatres du 19ème siècle pour désigner ce qu'ils concevaient comme une perversité sexuelle due à une déviance mentale. C'est pourquoi je préfére dire "pédé", car s'il s'agit au départ d'une insulte, celle-ci fut détournée de son but insultant par ceux-la même qu'elle stigmatisait, et ainsi, à mesure que croissait la libéralisation des moeurs, le délit d'infamie devenait revendication subversive. Enfin, dans les situations de forte pression sociale langagière, en face de sa maman ou de son patron par exemple, l'anglicisme "gay" a ceci de pratique qu'il reste neutre et limpide à la fois, tout en renvoyant discrétement aux premiers militants américains. <br /> Me touche aussi ta façon de déplorer la bêtise de beaucoup de parents éduquant leur enfant sans réfléchir, ne serait-ce que deux minutes, à l'impact de leurs mots, de leurs gestes, de leurs attitudes. En ce qui me concerne, je souhaite avoir beaucoup de bambins. Je n'exclus pas de me marier par amour avec une femme, ou avec un homme si la législation m'y autorise un jour. Mais quoi qu'il advienne, je continuerai à me définir comme pédé, car le chemin parcouru pour accepter mon désir des garçons a profondément marqué mon identité, mon rapport au monde et aux autres. Je n'oublierai pas la souffrance de ce parcours, et la force qui en découle d'avoir surmonté les nombreux obstacles qui le jalonnent. <br /> Merci pour la pertinence de ta lecture.
M
Tu le sais sans doute, mais puisque nous n'avons pas eu l'occasion d'en parler de vive voix, j'ôte l'ombre du doute : "j'aime me faire enculer" moi aussi, pour reprendre ton expression qui me convient personnellement très bien. Je suis donc un mec marié avec une femme qu'il aime, et qui revendique son homosexualité. Tu comprends sans doute d'autant mieux pourquoi l'expression "aimer se faire enculer" me convient autant, contrairement à homosexuel qui ne veut rien dire, et ne décrit surtout aucune réalité. Mais homosexuel est quand même un mot fort utile.<br /> Se dire à soi même, une bonne fois pour toute, "je suis homosexuel", est une étape décisive, surtout quand on est inscrit dans un projet de vie qui, vu de l'extérieur, a tout de normaliste et hétéro. Le terme Homosexuel ne décrit pas la réalité, il décrit une acceptation de la réalité.<br /> Dire à sa mère, une bonne fois pour toute, "je suis homosexuel". Le mot est suffisamment explicite pour ne pas laisser la chance du leurre. Le mot est suffisamment vague pour ne pas défoncer l'écran de pudeur qui sépare une mère d'un fils. Contrairement à ce qu'il pourrait évoquer, le mot est moins sexuel que social. Dans certaines circonstances en tout cas.<br /> Je suis très sensible, dans ta réponse au commentaire précédant, à ton évocation du gerbissimant "tu seras un homme mon fils". Mais il y a pire : "je ferai de toi un homme mon fils". J'ai trouvé cela dans deux lectures consécutives (Alliende et Garcia-Marquez) il y a presque dix. Je ne m'en suis toujours pas remis.<br /> Qu'une mère prévienne son fils qu'il sera un homme, on peut lui pardonner : l'esprit d'une mère empêtrée jusqu'au cou de déterminismes sociaux n'est pas tenu d'être ouvert... Mais qu'elle s'évertue aveuglément à produire de la virilité me scandalise. Déployer tant d'efforts, avec pourtant tant de bons sentiments, pour opprimer la sensibilité de leur extraille ! Cela frise la bêtise, la bêtise culturelle.<br /> Ce qui me trouble le plus, c'est qu'elle puisse ressentir une part de notre intimité comme un échec. On a envie de baffer l'humanité face à de telles aberrations.<br /> Je remercie mille fois ma propre mère de n'avoir jamais cherché à étouffer ma féminité, depuis toujours très marquée, et de l'avoir bien souvent encouragée et défendue.<br /> En tout cas merci, et bravo : c'est toujours stupéfiant de lire des choses avant qu'on ai eu besoin de les écrire.
E
Oui, tu as bien compris... Mais ce n'est pas moi qui parle, je ne fais que traduire l'inconscient collectif de la norme hétérosexuelle. On élève encore de nos jours les petits garçons en leur disant : "tu seras un homme, mon fils". Et beaucoup de gens se demandent lequel des deux fait la femme dans un couple gay, c'est-à-dire dans leur esprit pas déconstruit qui se fait enculer. Pour eux, n'est vraiment pédé et méprisable que celui là qui se fait mettre par un homme. C'est bien sûr stupide. C'est pourquoi dire "J'adore me faire enculer", même si ce n'est pas le cas, on s'en fout d'ailleurs, est donc beaucoup plus percutant et militant que de dire simplement "Je suis hommosexuel". Parce que cela remet en cause une idée reçue absurde. Voilà cher écureil gris. Kiss.
E
tu dis que l'enculeur n'est qu'à moitié malade, cela veut-il signifier que l'enculé est malade à part entière????????
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