Hallali

Les garçons ont mis leurs tenues d'été. Ils sont là, dans la rue, ils me sourient. A la terrasse des cafés, sur le gazon des jardins publics. Je cherche un regard dans leurs yeux. Je songe aux plaisirs furtifs des lieux d'aisances, dans les caves de la ville et les arrières salles. Sachant qu'il y a aussi les musées et les galeries d'art contemporain, les librairies, les transports en communs, le supermarché du coin, les berges du fleuves et les ponts qui l'enjambent, j'envisage la grande cité comme un terrain de chasse à ma disposition. Je me mets en quête, coeur tendre et sang chaud. Et si c'était pour bientôt ?

Aujourd'hui est un jour où le présent a de l'avenir devant lui, droit devant.

La saison commence. Comment vais-je m'habiller pour la prochaine Gay pride ? (Je n'ai rien à me mettre...)

"And what costume shall the poor girl wear to all tomorrow's parties ?" (Lou Reed, All tomorrow's parties.)

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[Sey]

Toujours aussi agréable à lire, mais là, je dirai qu'une note de sérénité répand une douceur que je n'avais pas encore ressenti sur ton blog. On dirait des morceaux de joies simples que tu présentes...

Ca me fait penser (et je ne sais pas pourquoi étant donné qu'il n'y a pas vraiment de rapport) à un certain jour du mois dernier, où, décidant de rentrer chez moi par la ligne 14, je me dirigeais machinalement vers les Halles (où passe la ligne 4, la 14 est à une correspondance d'intervalle)... j'entre sans réaliser mon erreur puis me mets à chercher le panneau 14. (jusque là normal, c'est typiquement moi) je vois le panneau de la 4, flash, bingo, crétin, t'es trop con... MAIS ! là je vois deux jeunes types, l'un s'étonne de ne pas trouver la 14 et cherche, l'autre se fout de sa gueule gentiement. J'ai déjà bien compris que je m'étais trompé mais, casselan'tienne, je continue à me demander et fais mine de ne pas comprendre, je l'entends (le plus mignon des deux tant qu'à faire) dire "mais où est donc la 14" et réagis, "tiens moi aussi je cherche la 14", il me regarde sourire classique de la complicité d'une merde commune, normal, je trace mon chemin et me dirige vers le quai de la correspondance vers le 14... je descends et là "oh ! magie ! il y a une correspondance à chatelet pour le 14" (j'en avais presque honte de cette fausse naïveté) du coup je rebrousse chemin, et me dirige vers le gars toujours paumé et lui dis "il y a une correspondance pour le 14 sur l'autre quai" sauf que lui comprend ça comme une question et me répond qu'il ne sait pas - normal il est paumé - je me reprends et lui indique que ceci est une affirmation / information pour lui, puisqu'il cherchait la 14 "ah d'accord, Merci, c'est gentil" ... hésitation, le "c'est gentil" peut avoir tellement de sens différents que je ne me lance pas dans l'interprétation de celui-ci étant donné qu'il répond à son téléphone qui sonne... vais-je le trouver désagréable ? eh bien non, il répond doucement et ne fait pas profiter tout le quai de sa vie, cependant il me suit suffisament près et entends nettement. Il parle de train, le dernier horaire qui rentre... ? je ne réalise pas tout de suite.

On rentre dans le wagon du 4 qui arrive, je me retourne afin de voir s'il suit bien, il est au téléphone, on ne sait jamais il pourrait oublier ce qu'il est en train de faire... hé hé. Nous sommes donc aux deux extrémités du wagon, nos regards se croisent sans plus, je le trouve mignon quand même, mais surtout charmant, ce sourire qui dégage un truc qu'on ne trouve pas dans le top model parfait.

Il est toujours au téléphone, Chatelet pointe son nez, je descends. Lui aussi. Ma marche rapide est limitée par ces piétons bien lents... il est toujours au téléphone et il est juste derrière moi. Entre la descente du wagon et l'escalier qui mène au 14 j'ai du me retourner 3 fois (sur à peine 2m) dans les escaliers, allez 1 ou 2 fois. Mais là je me dis, "mauvais, mauvais j'en fais trop" et ça n'a pas loupé, il me dépasse dès la fin de l'escalier, conclusion, je reprends mon allure habituelle ultra rapide, de toute façon, statitiquement, il est peu probable qu'il se dirige vers la BNF... pffffiou, je le double donc, et je cours même puisque le métro arrive. Je monte, m'assieds, ça sonne, il entre en vitesse dans le wagon après le mien.

Quel génie celui qui a inventé la ligne 14, je suis dans le sens opposé à la marche, lui est en face de moi, je ne peux m'empêcher de sourire, on se recroise alors qu'on pensait tous deux que l'on était ailleurs. J'imagine qu'il a souri aussi. Mais mon inconscient est une entité vraiment balèze capable de me faire croire les choses les plus folles. Je n'en tiens pas compte. Sauf que ça recommence... Gare de Lyon, ah ? on dirait qu'il va descendre... Il est un wagon après moi, à l'opposé, il remonte tout le wagon, traverse la zone en caoutchouc, traverse mon wagon, le métro ralentit, on arrive à Gare de Lyon, il vient vers moi, me fais un putain de grand sourire, me dit merci et me marmone un autre truc que je ne comprends pas...

La chute est on ne peut plus désolante. Je lui fais un sourire tant bien que mal, bouche bée, tentant d'apprécier ce geste qu'on vient de m'offrir. Et je le laisse partir. Cela ne sert à rien de regretter de ne pas l'avoir suivi, je n'ai pas eu le temps de tilter et de lui proposer de l'accompagner car, en effet il devait sans doute prendre un RER comme il semblait le dire au téléphone. Oui, j'étais trop heureux en fait... ça peut paraître dérisoire mais, j'ai 27 ans, et c'est la première fois que j'"ose" dans la rue, et en plus j'ai la chance qu'on me le rende. ça me rend encore heureux presqu'un mois après.

Un sourire dans la rue, c'est moins et plus risqué, mais c'est quand même vachement plus beau et plus fort que tout ce qu'on peut s'échanger online.

[freeyourmind]

que penses tu d'un petit karting en tergal ? c'est toujours du plus bel effet...