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C'est moi qui... Ce sont les autres qui ne pas...
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9 mai 2005

Dans ma chambre close, entre parenthèses

Je ne veux que l'extra. L'ordinaire ne m'intéresse plus. Parce que je hais le monde pourri des adultes. Je conçois l'art de la fuite comme une stratégie de combat. Nota bene : la vie est extensible selon l'intensité.

A mon âge je joue encore avec des petits soldats. Ma chambre consiste en un lieu clos où l'on meurt aussi souvent qu'au champ de bataille. J'établis mon campement dans le lit. Je chauffe la place en vue de la fin d'après-midi. La guerre, ma guerre, est une bonne chose puisqu'elle annonce la paix des braves. Je précise ne supporter que les draps blancs pour camoufler ma virginité défunte, à chaque fois renaissante...

Il porte un prénom atroce. On se voit régulièrement depuis quelques semaines. Un Passion simple comme celle décrite par Annie Ernaux. Il me rejoint en sortant du travail, vers 18h30. Il arrive avec son costume de cadre, et je devine qu'il cache sa cravate dans son sac, juste avant de sonner. Sa tête de garçon anglais me sourit, je l'embrasse. Très vite je m'assoie sur ses cuisses, retire sa veste et ses lunettes, déboutonne sa chemise. Il me regarde faire avec étonnement. Mon corps gracile lui plaisait tant la première fois que, je m'en souviens, il a jouit presque immédiatement. J'ai alors pris cela pour ce que c'était, à savoir un compliment. Sa bite est longue, fine, douce. Il me caresse longtemps. Le jour tombe peu à peu pendant ce temps. Je ne sais rien de lui, hormis son corps que je connais de mieux en mieux à chaque rendez-vous, les grains de beauté qui font une constellation sur son dos, les pupilles dilatées par le plaisir, les tétons poilus, fragiles, la ligne droite de son nez. Il a l'air heureux dans mes bras. L'éjaculation fait trembler mes membres de joie. Les bruits de la ville embouteillée ne parviennent pas jusqu'ici. J'imagine qu'il est marié, qu'il travaille dans une banque, et je ne dois pas être loin de la vérité. Je suis sûr déjà qu'il habite en banlieue et dois rentrer pour 21h. Une vie tranquille en somme, bien diffèrente de celle à laquelle j'aspire... C'est pourquoi je ne pose aucune question, car j'en croise tous les jours des comme lui qui représentent ce que je déteste, l'existence sordide de la plupart des gens, dont je suis incurieux. Il suffit de lui faire du bien, de lui donner chaleur et réconfort qui lui permettront d'affronter les programmes télé du soir, avec sans doute une femme à ses côtés, peut-être un chien, des enfants. Il faut aimer son prochain comme soi-même. Thierry et moi, on est copain de baise tous les deux. C'est cela qui est beau.

"Nous n'avons fait que fuir / Nous cogner dans les angles / Nous n'avons fait que fuir / Et sur la longue route / Des chiens resplendissants / Deviennent nos alliés." (Bertrand Cantat, Nous n'avons fait que fuir.)

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