Je vous aime
Pour ma déveine, quand je croise un jeune homme beau, j'ai sans doute le regard le plus triste du monde. Et j'en vois tous les jours. Et il faut être heureux.
En publiant cela, je pêche par excès de gravité. Les visages me passionnent, mais la tristesse vient à coup sûr que j'outrepasse le pouvoir des surfaces.
Le bonheur est désinvolte.
Ainsi la voix de Pollyanna sur mon portable coïncide avec le soleil, surgissant entre les nues. Pauline que je retrouve telle qu'avant, malgré notre dispute. La frimousse bien connue de Maxime, à l'improviste, dans un café où j'ai mes habitudes.
Virevolte, papillonne, vole au va-et-vient de la vie.
Les êtres que tu as aimés, ne serait-ce qu'un instant échappé, te sauveront pour l'éternité. Toutes les fois comme une première fois. Le bonheur est désinvolte.
"La Bête - retenue enchantée dans sa laideur - aime la Belle ; la Belle, évidement n'aime pas la Bête, mais, à la fin, vaincue (peu importe par quoi ; disons : par les entretiens qu'elle a avec la Bête), elle lui dit le mot magique : "Je vous aime, la Bête" ; et aussitôt, à travers la déchirure somptueuse d'un trait de harpe, un sujet nouveau apparaît." (Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux.)