Extérieur jour
Pas un qui soit foutu de me prendre dans ces bras quand j'en ai besoin. (Pour être juste, j'ajoute : pas un que je puisse accueillir dans les miens.) Et avec la gueule que je tire...
Je mange un tartelette au chocolat, achetée à la boulangerie du coin, histoire de tromper ma faim. Pitié.
C'est triste à dire mais je ne crois plus au secours de l'amitié. Je sens bien que j'agace, d'ailleurs je m'exaspère moi-même. Pauline me sermonne, Pollyanna s'impatiente. Les lecteurs du blog se taisent. Je ne veux pas sombrer dans l'aigreur. Il faut pourtant que je me purge. (En somme je fais ma Christine Angot.)
Des dettes partout : à nouveau je ne sais comment payer le loyer du mois.
J'envisage une solution finale à mon échelle. Puisque je n'arrive pas à faire comme tout le monde : embrasser une carrière, prendre une assiette définitive pour gagner ma vie, me compromettre dans le siècle.
Je m'hydrate de crème quand même tous les jours... Mais pour qui la douceur de ces cuisses ?
(Certainement pas ce grand dadais, fade, maniéré à l'extrême, qui me fixait avec des yeux de merlan frit, au dîner de hier soir.)
Dans tout célibataire il y a une starlette qui attend d'être découverte pour devenir une étoile, au moins le temps d'une saison, la saison des amours.
(Bricoler des aphorismes insipides, voilà à quoi s'excite mon cerveau, lui qui jadis rêva des hautes sphères de la philosophie.)
Bientôt l'hivers. Je double la couette de ma couche, en vue des frimas : ça ne remplacera pas la chaleur humaine.
je vais rester là, claquemuré au logis, sur mon grabas. Sans drame, je ne suis pas Garbo ou Callas, par humilité plutôt. L'odeur de tabac froid me tiendra compagnie. Eteindre le téléphone portable, me couper des hommes, se cacher : impossible d'affronter un regard contemporain, le temps gris, la vie qui grouille. (Un monstre ? Non, un faible.)
"Que le coeur de l'homme est creux et plein d'ordure." (Pascal, Pensées 139-143.)